
« Manu » Le Goff : 70 ans de fidélité à l’Etoile !
1 juin 2025 11:30:00 dans Amateurs
C’est avec tristesse que les dirigeants et bénévoles de l’Etoile ont appris la disparition d’Emmanuel Le Goff, l’un des joueurs charismatiques des années les plus glorieuses du club.
Originaire de Conques-sur Orbiel (Aude), Emmanuel Le Goff, initié au basket par sa sœur Monique qui évolua en N2, commença la discipline à Evreux avant son arrivée en novembre 1955 à Charleville où son père, métreur dans les travaux publics, avait été muté dans le cadre de la reconstruction. Outre un travail de tourneur-fraiseur à la SAMG, ce garçon de forte corpulence signa parallèlement une licence à la section athlétisme de l’Etoile, domaine où il fut champion départemental de saut en hauteur, en longueur et à la perche. Ce qui amena M. Bizet à l’attirer au sein du club de basket où Charles Remy n’hésitait pas à faire confiance aux jeunes éléments. Intégré dans l’équipe première de l’Etoile de Mézières en 1956 à l’âge de 18 ans, « Manu » comme tout le monde l’appelait, démarra de façon précoce dans l’élite du basket français au milieu des frères Beugnot, Stoppa, Frajet et Noulet et les Ardennais Asclar, Barbosa, Iberraken, Mainguet, Schwartz et Laurain.
Double sacre en 1958
Après avoir assuré le maintien du club macérien à ce haut niveau lors de sa première année tout en étant demi-finaliste de la Coupe de France, « Manu » qui excellait en défense en marquant à la culotte les meilleurs joueurs adverses enchaîna l’année suivante sur un exceptionnel doublé Coupe-Championnat. Le club ardennais l’emporte alors dans la première épreuve contre Denain à Mulhouse (79-42) avant d’être sacré champion de France à Paris devant le PUC (48-44) devant 200 supporters, le maire de Mézières, M. Hanus et le sanglier Carolus. Hormis Villeurbanne, aucun club français n’avait jusque-là réalisé cette performance. L’année suivante, « Manu » (10 points à son actif) sera à nouveau titré en Coupe de France aux dépens de Villeurbanne (72-65) lors d’une finale où Jean-Paul Beugnot fut impérial (36 pts). Entretemps, il fit aussi partie de l’équipe qui en Coupe d’Europe des clubs champions se paya le luxe d’éliminer le Real Madrid (50-39 en Espagne et 79-65 à Dubois-Crancé devant 3.000 personnes !) avant d’échouer ensuite contre Belgrade et un certain Korac (37 pts).
Privé d’un second titre en 1960 à cause de la guerre d’Algérie
Dépêché en Algérie en septembre 1959 pour son service militaire, le Carolo d’adoption, pourtant présélectionné en équipe de France A en vue des Jeux Olympiques vivra une saison blanche, sans basket, manquant par la même le second titre de champion de France acquis par l’Etoile face au SA Lyon (61-57). Démobilisé en septembre 1960, il reprend avec avidité le cours de sa carrière professionnelle dans les Ardennes. Il prend part à une demi-finale de championnat de France, perdue devant le PUC, et à quatre nouveaux matches européens face à Casablanca et le TSKA Moscou.
"Charles Remy voulait faire de Mézières puis de Charleville un bastion du basket français et je me suis forgé ainsi un palmarès que beaucoup m’ont envié. C’est aussi pour cela que je me suis toujours senti redevable à ce club de ce qu’il m’avait apporté personnellement." confiera Emmanuel Le Goff à l’Ardennais au milieu des années 2000.
Il poursuivra ensuite l’aventure dans l’élite française jusqu’en 1967 avec de nouveaux équipiers. A savoir : Perniceni, Gallet, Jean-Claude Iberraken, Deville, Mercy, Cordevant, Despas, Dauchy, Laurain, mais aussi Lefebvre, Tassin, Daval, Bobin, Charles, Osadzuck, Lanaille et Evert. Il prolongera son bail avec l’Etoile en Nationale 2 jusqu’en 1973 et sera même sélectionné en équipe de France SNCF en participant à deux championnats d’Europe au Kazakhstan et en Bulgarie à un moment où il était devenu employé administratif à la SNCF au dépôt et aux Rotondes de Mohon où il exerça de 1965 à 1993. Il a, par ailleurs, été champion de France corporatif avec Mecaest.
Entraîneur et trésorier
Véritable pilier du club, l’infatigable « Manu » entré au comité directeur dès 1963 sera par la suite dirigeant à l’Entente puis joueur à nouveau au BCCM, entraîneur des séniores féminines (1973-1988) et d’équipes de jeunes (dont Pierre-Louis Delforge et Romain Radelet) mais aussi trésorier du club carolo de 1971 à 1990 avant de transmette le relais à Jérôme Clergeat. Soit une fidélité exemplaire de près de soixante-dix ans à l’Etoile. Systématiquement présent durant plusieurs années aux matches du team fanion avec son épouse Claudine que ce soit en ProB, N2 et N1, « Manu » avait, en effet, abandonné cette habitude en juillet 2024 à cause de la longue maladie à l’origine de sa disparition. Bien avant cela, il avait inculqué la passion du basket à ses deux enfants, Valérie et Olivier, eux aussi licenciés à l’Etoile, ses deux petit-fils Martin et Maxime, et à son gendre, Jean-Louis Weber, partenaire du club depuis de nombreuses années.
Les obsèques d’Emmanuel Le Goff seront célébrées le mercredi 4 juin à 10h30 en la petite chapelle du Theux, un quartier où il habitait avec son épouse depuis 1971.