Alain Bouvard, un Ardennais à la tête des Mets’92 !

16 mai 2023 09:45:00 dans Amateurs

Successeur de Boris Diaw à la tête du club le plus médiatisé du moment avec Monaco, Le Sedanais Alain Bouvard, 69 ans, raconte comment il vit son rôle de président à la tête des Metropolitans 92.

Interview.

 

Alain, depuis quand et dans quelles circonstances es-tu devenu président du club francilien ?

"Je suis rentré au Directoire du club en Juillet 2019 à la demande du maire de Boulogne ? Pierre-Christophe Baguet, lorsque la ville est devenue actionnaire majoritaire d’un club qui appartenait jusqu’alors à la Ville de Levallois. Boris Diaw était à ce moment-là le président, lorsqu'il a démissionné en mai 2020. Le Maire de Boulogne m'a alors demandé de prendre la présidence à titre provisoire. Le provisoire étant toujours d'actualité à ce jour... "

 

 

Le basket est une discipline que tu as découvert dans les Ardennes au BC Sedan. Quels souvenirs gardes-tu de cette époque ?

"Un premier souvenir est comme spectateur avec mon père à la salle Dubois Crancé d'un match entre l'Etoile de Charleville des Beugnot, Perniceni et consorts et l'Alsace de Bagnolet des Mayeur et Dorigo. Ensuite, après un bref essai au foot, je suis venu au basket grâce à mon meilleur copain de l'époque, Laurent Discrit, qui jouait au BC Sedan en minime.

J'ai joué en jeunes avec les Didier Louis, Michel Markic et Philippe Lagneaux. J'ai eu comme coach Jean-Claude Paulus, Patrick Thomas ou Jean-Marie Lambert.

A cette époque, J'ai suivi avec passion les derbys pour la montée en Fédérale entre le BC Sedan des Louis, Markic, Jardinier, Paulus, Rozoy et l'ASPTT Charleville des Ewert, Laporte, Sauret et autre Charneux."

 

 

Au terme de cette jeunesse, quel a été ton parcours professionnel ?

"J'ai poursuivi mes études à l'IUT de Reims où j'ai obtenu un DUT d'informatique en 1975. Je suis arrivé à Paris en 1976 pour mon premier emploi et je n'en suis jamais reparti. Côté professionnel, j'ai fait carrière dans l'informatique où j'ai occupé tous les postes d'analyste-programmeur à directeur des études en passant par consultant. J'ai réalisé une grande partie de ma carrière au sein du groupe DOCAPOSTE appartenant à La Poste comme directeur des études puis Directeur de clientèle. J'ai pris ma retraite fin 2018."

 

 

Une carrière de technicien dans les clubs franciliens

 

Et concernant le domaine sportif ?

"Côté basket, j'ai joué à l'ACBB en arrivant à Paris avec celui qui allait devenir le maire de Boulogne quelques années plus tard. J'ai arrêté de jouer assez tôt pour me consacrer à ma passion : entraîner et coacher. J'ai d'abord coaché des filles en N4 puis N3 à Clamart puis à Sceaux où j'ai succédé à mon ami Alain Weisz avec qui j'encadrais l'été les camps Sport Elite Jeunes de Jacky Chazalon. J'ai ensuite fait une saison comme coach-adjoint en PRO B avec Sceaux où j'ai perdu en ½ finale du championnat espoir contre le Cholet d'Antoine Rigaudeau. Ensuite, j'ai coaché pendant une vingtaine de saisons en N3 différents club Parisiens : ASPP, MACCABI PARIS, Alsace de Bagnolet. Avant d'arrêter de coacher en 2016. Mon arrivée dans le monde professionnel date de de mai 2019, rien ne m’y prédestinait."

 

 

A Boulogne-Levallois, quelles fonctions as-tu rempli avant d'arriver à la présidence ?

"Il y avait un Directoire composé de cinq personnes : le Président Boris Diaw, 2 personnes côtés Levallois, 2 personnes côté Boulogne : Alain Weisz et moi."

 

 

« On vit quelque chose d’unique, la vitrine Wembanyama est extraordinaire »

 

2022-2023 est une saison hors normes pour les Mets'92 avec l'arrivée au sein du club entraîné par Vincent Collet du phénomène Victor Wembanyama.

"Cette saison a été un pari. Au mois de juin 2022, alors que nous venions de réaliser une très bonne saison sous la houlette de Vincent Collet, nous n'étions pas certains de pouvoir repartir car nous n'avions plus de salle. Et puis Victor, qui n'était pas satisfait de sa saison à Villeurbanne, a décidé de changer sa stratégie de préparation pour la Draft de cette saison.

 Trouver un club en région parisienne (près de sa famille) qui va bâtir une équipe autour de lui, qui ne joue pas de Coupe d'Europe et ainsi avoir du temps pour travailler (nous avons renoncé à la Coupe d'Europe pour le faire venir), sous la houlette de Vincent Collet... C'est comme cela que le projet des METS92 avec Victor est parti d'une manière un peu miraculeuse.

Durant l'été, la NBA prend contact avec nous pour organiser une tournée d'une semaine à Las Vegas en octobre pour jouer deux matchs contre l'équipe de G-LEAGUE qui héberge le joueur avec qui Victor est en concurrence pour être le N°1 de la DRAFT 2023.

Après un début de saison correct, arrive LAS Vegas, un autre monde, deux matchs avec les règles NBA où Victor éclate aux yeux de la planète basket en marquant 36 et 37 points."

 

 

Parlez-nous, Alain, des répercussions entraînées par la présence de "Wembie" au sein de votre équipe ?

"Depuis le retour de Las Vegas, tous les matchs à domicile sont à guichets fermés avec des affiches "soldout" en 15 minutes. A l'extérieur, tous nos adversaires sont à guichets fermés et refusent du monde (ex : Nancy avec 6000 demandes refusées ou encore le record de spectateurs datant de 1993 battu à Pau). LA NBA diffuse tous nos matchs sur la chaîne NBA, ce qui n'était jamais arrivé auparavant dans son histoire. Nous avons en permanence une ou deux franchises NBA présentes chaque semaine à l'entraînement. Des problématiques de sécurité à chaque déplacement ou chaque rencontre.... Un nombre des sollicitations médias énorme que nous filtrons en collaboration avec les agents de Victor et sa famille. Nous venons d'organiser un match à l'Accor Aréna devant 15000 spectateurs qui a été une grande réussite.

Côté merchandising, jamais un joueur de basket français n'a fait vendre autant de maillots avant même d'avoir mis un pied en NBA. Nous vivons une saison extraordinaire, quelque chose d'unique, la vitrine est extraordinaire même si dans l'arrière-boutique, la vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Avoir un futur N°1 de draft dans son effectif n'est sans doute pas près de se reproduire en France."

 

 

Pallier au départ de « Wembie » et remplacer Vincent Collet

 

Lorsque l'espoir français va rejoindre la NBA, comment allez-vous vivre au sein du club ce retour à la normalité ?

"Pour moi, le point le plus délicat à gérer pour la saison d'après sera plutôt le remplacement de Vincent Collet qui doit se consacrer exclusivement à l'équipe de France en vue des JO 2024. Il va donc falloir trouver le bon coach avec qui reconstruire une équipe compétitive. Dans notre équipe, il y a Victor Wembanyama (19 ans) mais aussi d'autres jeunes très talentueux : Hugo Besson (20 ans et drafté l'an passé), Armel Traoré (19 ans) et Bilal Coulibaly (18 ans) qui sont également inscrits à la Draft. S'il est quasiment que certain que Victor soit drafté N°1, Bilal Coulibaly a également une bonne chance d'être élu au premier tour.

La saison prochaine, nous retrouverons la terre ferme avec les soucis d'une saison normale, monter une équipe compétitive pour essayer de remplir à nouveau la salle. Ce sera notre quotidien."

 

 

« Offrir une demi-finale contre Monaco à Victor avant son départ »

 

Quel sera l'objectif des Metropolitans lors des prochains playoffs ?

"Nous visons d’abord la seconde place de la saison régulière afin d'avoir l'avantage du terrain jusqu'en demi-finale. En playoffs, le rêve serait de pouvoir jouer une demi-finale avec ce bonus supplémentaire. Pour cela, il nous faut déjà battre Paris mardi puis gagner un quart de finale qui sera soit contre Cholet, soit contre Le Mans. Rien de facile… Le rêve absolu serait de pouvoir s'offrir avec Victor avant son départ en NBA une finale contre Monaco."

 

 

Lors de tes diverses pérégrinations dans le monde du basket, évoque-t-on de temps à autre le passé de l'Etoile à l'Ardennais que tu es ?

"Lorsque j'évoque les Ardennes, j'ai toujours en tête le premier match auquel j'ai assisté avec mon père. C'est un club qui a été Champion de France et qui a connu la lumière, malheureusement dans les Ardennes, il devait être difficile d'exister à côté du foot à Sedan. Je suis aussi revenu jouer un match comme coach contre l'Etoile il y a un certain nombre de saisons en N3.  Il n'y a pas très longtemps j'ai encore évoqué mes souvenirs ardennais en discutant du pays avec Audrey Sauret lors de notre match à Pau."

 

Propos recueillis par Pascal Remy

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