« Ce maintien est le fruit d’un objectif commun »

15 mai 2025 17:45:00 dans NM1

Au terme de son 42e match de la saison et d’un trop plein d’émotions, l’Etoile devant 1.600 spectateurs a livré un ultime festival offensif contre le Pôle France (101-86) pour valider son maintien sportif et vivre une deuxième campagne en Nationale 1.

Entretien-bilan avec le coach, Jimmy Ploegaerts, qui a tout lieu d’être satisfait d’un exercice au cours duquel, le promu carolo aura signé 16 victoires. Soit 40% de résultats positifs. Qui aurait misé sur un tel parcours au mois de septembre dernier ?

 

Jimmy, revenons sur cette soirée magique, synonyme de maintien pour l’Etoile.

"Ce n’est que du bonheur d’avoir réussi à relever ce challenge au bout de neuf mois et demi d’une folle intensité. J’ai beaucoup de reconnaissance envers tous les acteurs (joueurs, dirigeants, bénévoles, supporters et partenaires publics et privés) ayant contribué à ce maintien. C’est une très belle récompense pour tous. Et ça s’est senti tout au long de cette soirée au cours de laquelle on a tout de même drainé 1.600 personnes derrière nous un mardi à un horaire particulier. On les a gâtés en l’emportant contre le Pôle France (101-86) et avec tous les ingrédients : de la sueur, de la tension, une libération, de la joie, des émotions et beaucoup de larmes. Tous les gens étaient donc heureux. Je garderai l’image d’une salle terminant debout à la fin de nos deux derniers matches à domicile. Un très beau moment qui restera à jamais gravé dans les annales du club d’autant qu’il est survenu après peut-être les vingt minutes les plus abouties de notre saison."

 

On t’imagine soulagé d’avoir rempli un challenge très loin d’être évident à l’entame de cet exercice.

"C’est avant tout de la fierté d’avoir conclu ainsi cette aventure. Mais même si cela a été difficile, on y a toujours cru. Un peu plus lorsque Metz et Avignon ont été officiellement relégués, car on savait que le retrait annoncé de Feurs en N2 et les possibles non accessions de certains clubs pouvaient nous permettre d’être repêchés. Mais il nous tenait à cœur d’obtenir un maintien sportif en laissant quatre clubs derrière nous. On voulait retourner en N1 en faisant preuve de panache. Les joueurs et le staff avaient cet objectif commun. Et nous avons réussi ce tour de force avec près de 90 % des joueurs n’ayant pas connu ou très peu ce niveau. Au final, le fait d’évoluer une seconde saison en N1 est une joie encore plus forte que l’annonce, le 30 juillet dernier, de notre engagement de dernière minute dans cette division. Le fait d’avoir prolongé notre bail sur le terrain en déjouant tous les pronostics constitue une très, très grosse satisfaction."

 

Ce maintien est aussi le fruit d’un énorme travail interne.

"J’ai beaucoup de reconnaissance envers tous les acteurs ayant contribué à ce maintien. On a apprécié les efforts et sacrifices prodigués par tous, en multipliant par deux durant toute la saison le travail en raison d’une compétition de 42 matches qu’on peut assimiler à un marathon de 42 kilomètres. Ce maintien est effectivement la concrétisation d’une œuvre remarquable de tous ces acteurs. Tout a eu son importance dans cette campagne conclue d’une folle manière. Partager ainsi de la joie autour de valeurs humaines, c’est essentiel aussi pour moi. J’ajouterai que la validation de notre dossier l’été dernier et le fait de ne pas avoir été sanctionné en cours de saison par la commission de contrôle de la FFBB prouvent aussi la saine gestion du club. On a fait les choses dans les règles avec les moyens dont on disposait sans utiliser des ressources financières qu’on n’avait pas mais avec un cœur énorme."

 

As-tu douté à certains moments de la saison ?

"Disons le franchement, il y a eu des temps d’incertitudes, des instants d’inquiétude et de questionnements où l’espace d’une soirée tu te dis qu’il sera compliqué de trouver des solutions pour s’en sortir. Comme le premier match de préparation perdu de trente points contre Metz, les cinq premières rencontres de N1 au cours desquelles on a pris le niveau du championnat en pleine figure en encaissant des défaites avec parfois de gros écarts sur des parties de match et aussi notre manque de consistance récurrent à l’extérieur. Mais notre victoire inattendue et inespérée contre le leader havrais nous fait un bien énorme même si elle n’a pas compté dans notre maintien. Les revers subis contre Feurs et Besançon à l’Arena ont aussi représenté des coups d’arrêts dont il a fallu se remettre. Mais notre groupe a toujours fait preuve de ressources et de résilience. Et le seul remède à ces moments difficiles a été le travail et encore le travail. Les joueurs n’ont jamais rechigné et se sont toujours accrochés. Ce qui nous a permis de trouver l’issue."

 

De l’entretien avec Luc Torres aux victoires à l’arrache à la fin de cette saison.

 

Quels sont les meilleurs moments que tu as vécus à l’Etoile depuis ton arrivée ?

"Il y en a déjà beaucoup (rires). D’abord mon premier entretien avec Luc Torres suite auquel j’ai signé ici. Quelques semaines avant, j’avais pris un coup derrière la tête lorsque le club d’Orchies ne m’a pas conservé. Durant quinze jours, mon téléphone n’a pas sonné et je me posais des questions sur mon avenir. Puis, j’ai eu cet échange avec le président de l’Etoile pour entraîner en… N2. Pour moi, il s’agissait d’un pas en arrière mais quand je suis reparti dans le Nord et bien que d’autres clubs commençaient à se manifester, j’avais déjà décidé de prolonger ma carrière dans les Ardennes. Ensuite, il y a eu d’autres bons moments. Comme cette dernière journée du stage de cohésion, l’été dernier, au cours de laquelle alors que nous nous rendions à Arreux pour une soirée entre nous, Luc nous a doublé en voiture et s’est mis en travers d’un chemin pour nous dire que notre montée administrative en N1 était validée.

Enfin, je retiendrai aussi toutes ces victoires à l’arrachée en poule de maintien qui nous auront permis d’obtenir un nouveau siège en N1. A l’INSEP lors d’un succès empoché avant le buzzer final (82-80), contre Toulouse qu’on bat 88-84 après avoir été menés de 25 points ! devant le leader angevin (81-79) avant de prendre le dessus sur Fougères (82-81), Poissy (88-84) et face au Pôle France (101-86). Sans oublier les succès enregistrés en première phase contre des clubs rodés à ce niveau comme Le Havre (89-88), Berck (94-88), Loon (83-71), Mulhouse (100-97) Boulogne (93-84), ce qui n’est tout de même pas rien. Soit un total de 40 % de succès (seize au total) lors de ce parcours. Ce qui est remarquable pour une équipe comme la nôtre."

 

Les joueurs avaient envie de faire les choses ensemble

 

Durant, la saison, l’Etoile a encaissé beaucoup de points (88,4 de moyenne par match) mais se sera finalement sauvée grâce à son ADN offensive (85,7 pts).

"C’est une philosophie de jeu à laquelle j’attache de l’importance. On a toujours joué sur un rythme élevé avec beaucoup de possessions, ce qui correspondait et répondait aux profils et caractéristiques de nos joueurs tout en limitant l'impact physique de nos différents rivaux. Potentiellement, on marque ainsi beaucoup de points mais, du coup, on rend beaucoup de ballons aux adversaires. Notre défense a aussi été beaucoup en difficulté parce qu’on présentait la formation la moins athlétique du championnat. Ce déficit en taille et en puissance nous a souvent handicapé mais par contre en termes de basket, l’Etoile a proposé un jeu collectif de qualité avec un bon partage du ballon, symbolisé par une moyenne de 20,6 passes décisives, la troisième dans ce domaine toutes poules confondues. Ce qui a donné lieu à des soirées spectaculaires à l’Arena où le public a pris du plaisir à voir jouer l’Etoile. J’entends souvent : « c’est grâce à la défense que tu gagnes les matches », et bien nous avons démontré le contraire en étant résolument tournés vers un basket offensif et avec l’optique de mettre un point de plus que l’adversaire plutôt que d’en encaisser un de moins. En plus, ce groupe avait incontestablement envie de faire les choses ensemble."

   

Lors de cet exercice long et éreintant, vous avez été épargné par les blessures.

" Il y a eu une part de chance mais c’est aussi le résultat d’une bonne préparation dans la durée, d’un équilibre entre les séances de travail et les séquences de récupération entre les matches, et de la qualité d’une structure intéressante. C’est l’occasion de féliciter Thibaud Corniquet (préparateur physique), Aubin Fritsch (kinésithérapeute), Nicolas Magneron (ostéopathe) et Benoit Arbonville (médecin) qui se sont montrés efficaces en gérant bien les choses puisque la grande partie de nos joueurs ont fait la totalité ou presque des matches."

 

« Préparer la prochaine saison en N1 pour gagner 17 matches »

 

Maintenant que le soufflé va retomber, à quoi vont être consacrées tes prochaines journées ?

"Ce jeudi et demain, je reçois l’ensemble des joueurs lors d’entretiens individuels afin de faire avec chacun un bilan individuel de leur saison, connaître leurs envies, leurs motivations et leur ressenti parce que je me nourris aussi de ça. Je veux aussi savoir s’ils sont prêts à travailler encore plus. Je suis prêt à tout entendre. Ensuite, en début de semaine prochaine, nous ferons un point avec l’ensemble du staff pour voir ce qu’il est possible d’améliorer à la fois dans la composition de l’équipe, le fonctionnement et l’environnement des joueurs pour faire encore mieux. Et pour finir, avec Luc Torres, on verra avec quelles ressources financières, on pourra agir et bâtir l’effectif 2025-2026. Il restera ensuite à planifier la préparation de la seconde saison en N1, à programmer les matches amicaux et les dates de reprise de l’entraînement et du stage de cohésion. Les joueurs seront pour leur part en vacances à partir du 23 mai après repas en commun prévu à « La grande tablée » qui clôturera officiellement la saison. Restera ensuite à digérer tout cela et à partir en vacances."

 

Dans quels domaines faudra-t-il progresser la saison prochaine ?

"Je n’ai pas eu encore assez de temps pour faire cette analyse. Nous allons devoir recouper toutes les données chiffrées et les vidéos pour affiner nos choix. Mais on sait déjà qu’il faudra renforcer notre capacité athlétique et défensive sans toutefois déséquilibrer la qualité de notre jeu offensif. J’entends rester fidèle à cette sensibilité et à ce qui plait à nos supporters. Par exemple, il n’y aura sûrement pas un élément qui viendra pour mettre 35 points par match. Ce qui compte avant tout pour moi, c’est de pouvoir étoffer l’équipe avec des éléments qui ont une réelle envie de jouer à Charleville-Mézières et sont prêts à beaucoup travailler et à se donner à fond sur le terrain pour glaner 17 victoires et faire ainsi mieux que cette saison."

 

Quelles sont à ce jour tes certitudes concernant l’effectif 2025-2026 ?

"Quatre joueurs, Johan Clet, Nemenja Kovanusic, Jonathan Mkamba et Rosaire Malonga sont encore sous contrat mais certains ont des clauses libératoires qui n’augurent de rien de définitif quant à leur avenir."

Propos recueillis par Pascal REMY

 

 

INFOS :

BASKET INCLUSIF.

Mercredi, les joueurs et dirigeants de l’Etoile ont pris part, dans le cadre d’un partenariat avec le Foyer de vie de La Baraudelle à une manifestation de basket inclusif au cours de laquelle ils se sont mélangés durant deux heures avec les résidents en situation de handicap de cet structure implantée dans le Vouzinois. Les joueurs seront aussi présents ce week-end à l’Arena pour encourager les formations de jeunes du club qualifiées pour les finales de la Coupe des Ardennes.

 

PREPARATION D’AVANT-MATCH … AU VERT.

Avant la rencontre décisive pour le maintien contre le Pôle France, Jimmy Ploegaerts a confessé « avoir tondu sa pelouse durant trois heures. Un moment de quiétude sans internet, sans téléphone et sans télévision où tu ne penses pas à autre chose ». Une séquence calme aussi parce que son épouse et ses enfants étaient malades. Mais rassurez-vous leur santé va beaucoup mieux depuis.

 

RECONNAISSANCE.

Au cours du point-presse suivant la rencontre Etoile-Pôle France, le technicien carolo a loué le travail de ses assistants Ludovic Depaix qui « malgré son boulot à l’hôpital Manchester a toujours été là » et Jean-Marc Bouthors qui « a fait deux heures et demie de route à chaque veille de match pour venir à l’entraînement, être là les jours de rencontres et rentrer le lendemain à Amiens en refaisant le même parcours qu’à l’aller », à Alizée Boudrique « qui nous accompagné sur tous les matches » et à Thibaud Corniquet sur la préparation physique « en faisant cela en plus de ses autres activités » et les membres du staff médical (tous cités ci-dessus).

 

PARTENAIRES SUPPORTERS.

Jimmy Ploegaerts toujours : "Je pense qu’aujourd’hui, on a trouvé un vrai public qu’il faudra s’efforcer de garder en début de saison prochaine. Ce soir, j’ai même vu des partenaires qui en plus d’aider financièrement le club sont aussi devenus de vrais supporters en étant debout sur leurs chaises à la fin du match ou se levant sans cesse pendant la rencontre pour nous pousser."

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