Luc Torres : "Pas question de baisser les bras"

19 mars 2018 14:08:00 dans Pro B

A douze journées de la fin de la saison et à la veille d'un nouveau match charnière contre Poitiers à la Caisse d'Epargne Arena, Luc Torres, le président de l'Etoile, sort de son habituelle pondération et appelle le public ardennais à aider le club ardennais à sauver sa place en Pro B. Interview.

 

Luc, tu as accompagné l'équipe à Vichy/Clermont. Quel est ton ressenti sur ce match ?
 "Il y a d'abord la déception d'avoir perdu cette rencontre alors que la victoire nous tendait une nouvelle fois les bras. On n'avait qu'à tendre la main pour le prendre et  le succès nous a encore échappé. L'envie des joueurs n'a pas suffi et le club est reparti de l'Allier avec une défaite supplémentaire. C'est vraiment frustrant vu le scénario du match. Malheureusement, ce genre d'échec se répète depuis plusieurs matches. Cette saison, on a, en effet, souvent été dépouillé dans le money-time de victoires qui nous étaient promises. C'est douloureux à accepter. Mais il va falloir se débarrasser cette mauvaise habitude".

 

"On sait être capables de glaner d'autres succès"

 

Pour la dixième fois, cette saison, l'Etoile s'incline par un écart inférieur ou égal à sept points, ce qui prouve qu'elle est au niveau de la plupart de ses adversaires de Pro B. Sauf qu'au final, l'équipe s'est le plus souvent inclinée.
"On peut effectivement faire ce constat. On essaie d'en décrypter les raisons. L'équipe est capable de jouer les yeux dans les yeux avec tous ses rivaux. Et dans un championnat dense, homogène et extrêmement difficile, c'est aussi ce qui nous rassure pour la suite. On sait être capables d'acquérir d'autres succès à condition  de savoir enfin clore correctement les rencontres. Pour inverser cette tendance très pesante et stressante, il faut faire preuve d'engagement, le contraire serait d'ailleurs inadmissible, mais aussi avoir la consistance et la concentration qui nous manquent dans les fins de matches. Sans oublier la volonté de gagner les rencontres collectivement. Nos prochaines victoires passeront par-là".

 

Maintenant positionnée à deux victoires de Nantes, devenu le premier non relégable, l'Etoile peut-elle encore espérer se maintenir en Pro B ?
"Pour l'instant, je n'en doute pas. Avec douze journées à disputer, il y a encore de la place pour assurer notre survie d'autant que tous les matches sont à notre portée. L'équipe peut rivaliser avec n'importe quelle opposition. Tant que mathématiquement rien n'est joué, il faut se battre jusqu'au bout. On doit s'efforcer d'y croire même s'il ne faut pas se voiler la face : la situation est compliquée. Plus vite on gagnera, plus on se rassurera. Pas question de baisser les bras et je demande au public de continuer à nous soutenir. Je n'oublie pas qu'en 2015, l'Etoile a sauvé sa place lors de l'avant-dernière journée (*)".

 

"Alex Casimiri a notre confiance"

 

La mise à l'écart du coach a-t-elle été un moment envisagée ?
"On n'a jamais cru et été convaincus que cette solution réglerait nos problèmes. Même si la situation est difficile, Alex Casimiri a la confiance de l'équipe dirigeante de l'Etoile qui travaille beaucoup avec lui. On a signé un contrat de deux ans sans clause libératoire avec Alex parce qu'on croit en la personne. Il a montré qu'il était capable de faire des choses intéressantes à Tarbes/Lourdes et il colle à notre projet de club. Il n'est donc pas du tout question qu'on remette tout cela en cause. En dépit de la méchanceté dont certains font preuve envers lui, on le soutient, on l'aide dans sa tâche, on est derrière lui.
Il faut bien se mettre en tête que notre magnifique saison 2016/2017 nous porte aujourd'hui préjudice. Certains ont ainsi complètement oublié combien la Pro B était un championnat difficile pour un club comme l'Etoile, dotée du plus petit budget et de la plus faible masse salariale de la division. Il ne faut pas oublier qui on est. On ne peut pas renouveler les mêmes miracles tous les ans".

 

"Des responsabilités partagées"

 

Jusqu'alors, le club avait, malgré ses moyens financiers restreints, réussi à avoir le nez fin dans son recrutement en parvenant à faire des paris réussis sur Prat, Williams, Zianveni, Hermannsson, Koné et Brown. Comment expliquer les erreurs de casting commises cette saison ?
"Des choses n'ont pas fonctionné en début d'exercice sur des décisions prises collectivement. Les responsabilités sont donc partagées. On a d'abord essayé de réussir des coups mais deux des joueurs convoités se sont avérés blessés. Nous avons aussi recruté des éléments qui, sur vidéos, nous plaisaient mais ça n'a pas du tout été la même chose sur le parquet.
L'humain et la constance des joueurs ça ne se voit pas forcément sur les images. Et, in fine, l'équipe mise en place n'a pas trouvé le liant espéré. La saison est donc très mal partie, il a fallu assumer. Mais malgré un marché difficile rendu parfois compliqué par le jeu des agents, malgré aussi nos finances car on n'a jamais voulu se mettre dans le rouge, on s'est tout de même battus dans l'urgence pour réajuster tout cela. Ce sont les aléas d'un exercice et ça ne nous a pas aidés. Mais il faut que les gens qui nous suivent se rendent compte combien cette compétition est difficile ".

 

"On ne peut pas renouveler les mêmes miracles toutes les saisons"

 

A un moment critique pour le club, qu'attends-tu des diverses collectivités territoriales ?
"Leur soutien. Actuellement, on est dans le doute par rapport à cela.  D'autant que depuis quatre ans, on a été très déçus de constater que le Conseil Départemental nous a régulièrement rogné ses aides financières, passées sans raison de 315 000 euros à 200.000 euros .L'an dernier, quand les autres clubs professionnels n'étaient pas touchés par des baisses et que l'Etoile effectuait sa meilleure saison depuis cinquante ans en accédant aux playoffs d'accession en Pro A, on nous a encore diminué notre subvention de 40.000 euros. Alors qu'on... augmentait celle du CSSA pourtant redescendu en Nationale 2 ! J'estime qu'on a sciemment diminué cette aide, ce qui m'a beaucoup attristé. Les élus ne semblent pas se rendre compte du nombre de kilomètres que nous effectuons, de la difficulté d'exister au milieu de grandes métropoles et de la durée et de la complexité d'un championnat où il est difficile d'exister avec notre budget".

 

400 licenciés, un label national, des actions sociétales et peut-être un centre de formation

 

Si la vitrine du club est un peu écornée, reste que l'Etoile est exemplaire dans bien d'autres domaines.
"On ne peut pas nous le retirer. Depuis plusieurs années, nous avons développé un club qui aujourd'hui, recense tout de même près de 400 licenciés répartis dans toutes les catégories d'âge, compte 25 entraîneurs et dont une école de basket est labellisée nationale.
Pascal Faux anime des ateliers basket à l'intention de tous les non-licenciés qui accueillent près de 3000 personnes à l'occasion de toutes les périodes de vacances scolaires et à travers notre Centre Génération Basket.
On a aussi créé quatre équipes féminines et une section handibasket qui vient d'organiser son premier tournoi.  Notre équipe de Prénationale dont l'ossature est essentiellement composée de joueurs ardennais s'est qualifiée pour les playoffs d'accession à la Nationale 3.
Nous contribuons donc largement au développement de la discipline sur le territoire. L'Etoile est un club qui a une intense vie interne. Elle a encore la volonté  de créer un centre de formation essentiellement ouvert aux jeunes du cru. L'idée est déjà dans les cartons".

 

Quels seraient les dommages collatéraux en cas de relégation du club en Nationale 1 ?
"Il est encore beaucoup trop tôt pour évoquer ce sujet. Aujourd'hui, je ne pense qu'à la saison en cours et à notre opération sauvetage. Je souhaite offrir cela à nos supporters et je leur dis qu'on souffre tous autant qu'eux des résultats actuels. On travaille tous les jours pour tenter de changer les choses. J'espère maintenant que les joueurs feront eux aussi le maximum pour le club. Mais force est de constater que parfois, ils pensent plus à eux qu'à l'intérêt collectif. C'est malheureusement le mal actuel des clubs, ce que montre l'incroyable turnover opéré encore cette saison dans les effectifs. On est un peu l'otage de ces aléas qu'on ne maîtrise pas tout le temps"

 Propos recueillis par Pascal REMY

 (*) Le 15 mai 2015, à la salle Bayard suite à une victoire contre  Aix-Maurienne (82-69).

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